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ETUDE CLIMATOLOGIQUE
Relevés de la température et de la vitesse du vent dans la zone d'entrée de la Borne aux Cassots



L'objectif de cette étude est de voir de quelle façon la température de l'air extérieur influence le courant d'air et la température dans la zone d'entrée de la BAC (Borne Aux Cassots).
Nous avons choisi pour cela une journée très chaude d'été et une autre très froide d'hiver.

Les valeurs sont pointées sur la topographie :

  • encadrés : les relevés du 28 juillet 2005 (35°C à l'extérieur)
  • non encadrés : les relevés du 26 janvier 2005 (-4.5°C à l'extérieur)
Ces relevés n'ont pas été effectués à une heure fixe par manque de capteurs, ils ont été réalisés en progression avec environ 30 minutes d'intervalle entre celui du parking et celui du début du collecteur.
Manu a effectué seul les relevés du 26 janvier.
Les mesures du 28 juillet ont été faites à 3 : Christian, JP et Manu.


OBSERVATIONS

Le 26 janvier le courant d'air est aspirant (l'air va de l'entrée vers les zones profondes de la grotte).
La température froide à l'extérieur se réchauffe progressivement au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans la grotte. Cette température devient à peu près constante à partir de la galerie du métro.

Le 28 juillet le courant d'air est soufflant (l'air vient des zones profondes et se dirige vers l'extérieur).
La température très chaude à l'extérieur se refroidit nettement dès le porche. A l'entrée il ne fait plus que 10°C. Cette température ne varie quasiment plus au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans la grotte.

Ces relevés viennent confirmer ce que l'on sait déjà sur la circulation de l'air en milieu souterrain.

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THEORIE

1/ Les courants d'air :

La Borne aux Cassots se développe sur près de 15 kilomètres avec de grands volumes de galeries.
L'entrée se situe dans la partie inférieure du réseau.
Dans les zones profondes de la grotte, la température est constante toute l'année (ceci ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'influence de l'air extérieur dans les zones profondes mais c'est l'inertie thermique de la roche qui fait que cette température est quasi stable).
Cette température (environ 11°C) correspond à peu près à la moyenne annuelle de l'air extérieur.

L'hiver cet air est plus chaud que l'air extérieur, il a tendance à monter et à s'échapper par les parties supérieures du réseau (cheminées, failles, fissurations). En contrepartie il est remplacé par de l'air extérieur qui s'infiltre par les parties basses du réseau (cas de l'entrée actuelle).
Voilà donc pourquoi le courant d'air est aspirant à l'entrée.

L'été, l'air des zones profondes (11°C) est plus froid que l'air extérieur, il est plus dense et à tendance à s'échapper par les parties basses du réseau (cas de l'entrée actuelle).
Voilà donc pourquoi le courant d'air est soufflant à l'entrée.
En contrepartie de l'air extérieur s'infiltre par les parties hautes du réseau (cheminées, failles, fissurations).

2/ Les températures de la zone d'entrée :

L'hiver, lorsque le courant d'air est aspirant, de l'air froid extérieur pénètre dans la grotte et se dirige vers les zones profondes.
Cet air a une température plus froide que la roche dans la zone d'entrée, il va y avoir des échanges d'énergie entre l'air et la roche. L'air va se réchauffer et la roche se refroidir jusqu'à ce qu'il y ait équilibre entre les deux.
On voit bien sur la topographie que l'air se réchauffe au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans la grotte, il se stabilise dès que la température de l'air est égale à celle de la roche.

L'été le courant d'air est soufflant, l'air en provenance des zones profondes de la grotte empêche l'air chaud extérieur de s'infiltrer. La température dans la zone d'entrée est égale à celle des zones profondes (environ 11°C).
A noter tout de même une température d'environ 10°C sur les 50 premiers mètres.
Pourquoi l'été tout près de l'entrée il fait plus froid que dans les zones profondes de la grotte ?
La réponse vient du fait que l'hiver dans cette même zone d'entrée les températures sont beaucoup plus froides que dans le reste de la grotte. Pendant tout l'hiver cet air va refroidir la roche environnante. Avec l'inertie cette roche va stocker du froid jusqu'en été et le communiquer à son tour à l'air qui circule.

L'idéal serait de pouvoir obtenir ces mêmes mesures en continu durant toute une année.

Emmanuel Baud

BIBLIOGRAPHIE
TROMBE Félix : Traité de spéléologie (éditions "Que sais-je ?")
BAUDOIN Lismonde : Vent des ténèbres (édité par l'intermédiaire du CDS38)





NOTE BIOSPELEOLOGIQUE
A propos de Caecosphaeroma virei



La biogéographie de ce crustacé appartenant au groupe des isopodes et à la famille des Sphaeromiens est des plus intéressantes car elle est déterminée par plusieurs facteurs :

1/ origine marine tertiaire

Comme Niphargus virei, Caecosphaeroma virei possédait des ancêtres qui vivaient dans un habitat marin au tertiaire et qui auraient survécus en s'enfonçant directement dans le milieu souterrain et en s'adaptant à l'eau douce.
Cette colonisation souterraine, d'après GINET R. (1), a du se terminer au plus tard pendant le Miocène moyen, au Vindobonien, et plus précisément au sous-étage Helvétien. " C'est en effet à cet âge que s'est avancée, dans nos régions, la dernière grande transgression méditerranéenne. Effectivement, les stations actuelles des deux virei jalonnent assez bien les limites de cette mer Helvétienne dans le Jura ; cette mer s'est étendue de part et d'autre du massif jurassien alors en train de s'ériger et de se plisser".

2/ l'influence des glaciations quaternaires

Les avancées glaciaires au Pléistocène (Riss et Würm) recouvrirent une bonne partie de l'Ain et du Jura et ont eu une influence directe sur le maintien des populations de Caecosphaeroma virei (ainsi que celles du Niphargus virei).
Seules les régions en partie épargnées par le front glaciaire (vallée de l'Ain, vallée du Suran, Revermont) et à basses altitudes abritent encore des populations.
La station la plus septentrionale est celle de la Borne aux Cassots et la plus méridionale est celle du Puits de Rappe à Neuville-sur-l'Ain.
Ce crustacé propre au Jura (plus spécifiquement à la bordure ouest du massif jurassien) reste cantonné dans une zone étroite avec 10 stations mentionnées par GINET R. en 1971.
Les données relatives à son observation sont fondamentales afin de mieux connaître sa répartition et de confirmer ou infirmer les hypothèses ci-dessus.

Nous avons pu l'observer à la Borne aux Cassots (dans le Nouveau Réseau) et à l'exsurgence de la Serpentine (commune de Rotalier) dans un gour en compagnie de Niphargus virei. Cette localité nouvelle, située sur le Revermont, ne change en rien son aire de répartition.

Jean-Pascal Grenier

BIBLIOGRAPHIE
JEANNEL R. (1926) : Faune cavernicole de la France - Ed. Lechevallier
GINET R. (1971) : Biogéographie de Niphargus et Caecosphaeroma dans les départements du Jura et de l'Ain